Notre-Dame-de-Paris ressuscite de ses cendres

30 décembre 2024

12 26 Notre Dame En-tête du blog
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Par Michel Honoré, directeur des beaux-arts, France

En avril 2019, au lendemain de l’incendie spectaculaire de Notre-Dame-de-Paris, Un assureur a demandé à Sedgwick de couvrir une partie de la perte, liée à la trésorerie de la cathédrale. Contrairement au bâtiment lui-même, qui est la propriété de l’État français, c’est le diocèse qui gère ce patrimoine de près de 1 000 objets et œuvres d’art, conservés dans le bâtiment et donc directement touchés par l’incendie.

Le choc d’entrer dans Notre-Dame

La première difficulté de cette revendication était l’accès au site. Tant que le périmètre n’avait pas été entièrement sécurisé, aucun étranger ne pouvait entrer dans la cathédrale.

Quelques jours plus tard, c’était encore un choc d’entrer dans le bâtiment. Tout d’abord, la lumière est inhabituelle. Comme le toit a été percé en trois endroits, Notre-Dame apparaît dans un flot de lumière directement d’en haut, sans son côté traditionnellement sombre après 850 ans d’exposition aux fumées de bougies, d’encens, etc.

Une deuxième surprise : les murs sont blancs. Lorsqu’un site brûlé est recouvert de suie et noircissement par le feu, la pierre dans le bâtiment était d’une ombre claire. L’explication est assez simple : les pompiers ont littéralement bombardé le bâtiment avec leurs tuyaux d’eau, nettoyant les murs de la cathédrale.

Enfin, au milieu des débris se trouve une statue de la Renaissance intacte, une Pièta en marbre blanc.

Une mission de conservation dans des conditions spécifiques 

Comme dans d’autres catastrophes moins emblématiques, la mission était d’extraire les œuvres, de les décontaminer et de les nettoyer, puis de les conserver. Une partie du trésor avait été évacuée vers l’Hôtel de Ville, mais certains s’y trouvaient encore une semaine après l’incendie. La disponibilité d’un inventaire précis des quelque 1 000 œuvres impliquées facilitera grandement l’intervention de Sedgwick.

La mission d’évaluation devait durer cinq mois, en consultation avec plusieurs parties, dont la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) et le Ministère français de la Culture.

Des décisions devaient être prises immédiatement sur le transport des œuvres, l’endroit où elles seraient stockées et la façon dont elles seraient assurées. Normalement, les travaux prendraient cinq ans à compléter, donc une partie de la mission était de s’assurer qu’ils seraient en sécurité pendant cette période.

On a demandé à Sedgwick de faire des recommandations concernant toutes ces actions immédiates, et en particulier les conditions dans lesquelles les œuvres ont été emballées et transportées, restaurées et protégées.

En ce qui concerne la sécurité, il est important de comprendre que la salle du trésor était située loin du centre du bâtiment, sur le côté, et avait une porte en bois. Il n’était pas trop humide, contrairement à d’autres endroits où le sol était détrempé. Mais il devait y avoir un niveau élevé d’hydrométrie. L’ancien orgue du chœur n’avait pas brûlé, mais son étui en bois, classé Monument historique, était gorgé d’eau. Pour le restaurer, y compris une partie de ses tuyaux en bois, la question de savoir s’il fallait le faire in situ, au milieu d’un chantier en plein air, ou à un autre endroit en le démontant, était aiguë. L’implication d’un facteur d’orgues spécialisé nous a permis d’établir des estimations précises afin que nous puissions passer à une phase plus opérationnelle une fois que le montant de la compensation avait été fixé.

Décontamination et restauration d’œuvres d’art

Comme pour l’emballage, les étapes à suivre dépendent de la nature de l’objet, et en particulier de son matériau : le bois, le métal, etc. ne réagissent pas de la même manière à l’humidité, à la suie ou à la présence de plomb, par exemple.

Sur tous les objets métalliques, qui constituaient 80% du Trésor, une brosse fine et un système de vide ont fait la plupart des travaux, dans des chambres stériles et dans des ateliers spécialement équipés pour ce type de restauration. Les œuvres ont ensuite été stockées au Louvre, où elles ont été partiellement exposées avant d’être retournées au Trésor pour la réouverture de Notre-Dame.

Un contexte humain à prendre en charge

En plus de la pression médiatique, cette affirmation a également pris un aspect spécifique en raison de la charge émotionnelle et du traumatisme subis par les responsables du Trésor. Ces personnes avaient perdu leur lieu de travail, leur lieu de culte, et elles avaient échoué, bien qu’involontairement, dans leur mission de préserver et de transmettre le patrimoine dont elles étaient responsables. Les rassurer et répondre à leurs préoccupations étaient essentiels à la perte Règlement de sinistres la mission. Pour illustrer ce point, ils n’arrêtaient pas de mentionner l’ambo[1], qui avait été écrasé, tout comme le chef de chœur.

Cette estrade en bois n’avait pas d’intérêt patrimonial particulier, mais en tenant compte du traumatisme que représentait cette perte, les assurés ont pu se sentir écoutés et soutenus en cette période difficile. 

Après avoir géré et suivi cette catastrophe, voir Notre-Dame-de-Paris rouvrir et accueillir à nouveau ses fidèles et ses visiteurs est un moment particulièrement émouvant pour ceux qui sont intervenus dans un contexte aussi extraordinaire. Reconnus par les grands opérateurs en France et dans le monde entier, nos experts en sinistres et experts en beaux-arts ont déjà géré de nombreux contextes critiques et sensibles. Pour en savoir plus sur nos solutions, visitez notre site Web ici.


[1] Podium ou lutrin surélevé placé à l’entrée du chœur d’une église. La Parole de Dieu est proclamée à partir de l’ambo. Il est également utilisé pour la prédication.

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