Quand le crowdfunding rencontre une police d'assurance

5 juillet 2022

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Par David Gear, directeur, responsable des sinistres majeurs et complexes (Écosse et Irlande du Nord)

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un nouveau concept, le crowdfunding, qui consiste à collecter des fonds par l'intermédiaire de groupes de personnes en ligne, continue de susciter l'intérêt d'un grand nombre de personnes.

Cette pratique permet aux particuliers de faire des dons à un membre de leur communauté, à une entreprise ou à une cause qui les passionne. Pour les assureurs, cela soulève la question de savoir comment traiter ce type de financement dans le cadre d'un sinistre.

L'un des exemples les plus remarquables de crowdfunding a eu lieu lors du premier lockdown au Royaume-Uni. Le grand capitaine Sir Tom Moore, aujourd'hui décédé, a effectué une marche de collecte de fonds qui a permis de récolter plus de 30 millions de livres sterling pour les associations caritatives du NHS. Un autre exemple concerne une personne du secteur de l'hôtellerie qui a lancé une campagne pour financer et soutenir une action en justice contre les assureurs qui refusaient de payer les pertes liées à l'interruption d'activité pendant la pandémie. Ces exemples, tout comme les considérations pour les assureurs et les tribunaux, sont vastes.

Considérations pour les assureurs et les tribunaux

Les experts en sinistres commerciaux et domestiques sont souvent confrontés au crowdfunding à la suite de dommages importants causés à des habitations, des monuments historiques, des bâtiments du patrimoine, des sites sportifs et des attractions familiales populaires. Parfois, compte tenu de l'importance nationale de certains bâtiments, des subventions gouvernementales sont accordées pour aider à la reconstruction. La question est de savoir si les sommes collectées, souvent importantes, par le biais de dons volontaires ou de subventions gouvernementales peuvent être compensées par un assureur dans le cadre d'un règlement de sinistre.

Dans l'affaire Redpath v Belfast and County Down Railway (1947), le tribunal a rejeté la compensation et l'acceptation de sommes d'argent, déclarant que "les souscripteurs de ce fonds seraient surpris si on leur disait que leurs contributions ont été faites en faveur de la compagnie de chemin de fer négligente". D'autres arrêts de principe ont examiné le principe de l'indemnisation et les sommes reçues par un assuré en dehors de sa propre police, par exemple dans le cadre d'une subrogation ou d'un "don".

Banalisation des incidents médiatisés

Alors que le crowdfunding via des plateformes web est considéré comme courant dans l'environnement actuel - rarement lancé par la partie assurée - les collecteurs de fonds ne sont pas toujours conscients que la partie affectée et bénéficiaire des fonds dispose d'une assurance complète qui leur fournira une indemnisation totale. D'où la question suivante : comment les fonds reçus par une partie assurée affectent-ils, le cas échéant, la demande d'indemnisation envisagée et le niveau d'indemnisation fourni par les assureurs ?

Supposons qu'un bâtiment communautaire ait été détruit et qu'un constructeur local, en collaboration avec la communauté et des fonds collectés par un site web de financement, ait proposé de couvrir les coûts associés. Il n'y a pas de pertes non assurées connues ou démontrables. L'assuré doit-il restituer l'argent à ceux qui ont fait des dons, en les remerciant tout en soulignant qu'il est pleinement assuré ou, au contraire, doit-il retirer sa demande d'indemnisation puisqu'il n'a plus besoin de la poursuivre ? Ce sujet sensible nécessite une discussion continue entre les experts en sinistres et les assureurs sur la compensation des fonds collectés. Surtout si l'on considère que le crowdfunding est là pour durer et qu'il peut, dans certains cas, entraîner une surindemnisation de l'assuré.

Principes généraux à garder à l'esprit

  • Une police d'assurance est un contrat d'indemnisation qui prévoit une compensation financière en cas de sinistre. Son objectif est de permettre à l'assuré de retrouver la situation financière qui était la sienne juste avant la survenance du sinistre.
  • La situation d'un assuré ne doit pas être pire ou meilleure à la suite d'un sinistre.
  • L'assuré doit être totalement indemnisé, mais il ne doit jamais l'être plus qu'il ne l'est.
  • Les sommes perçues doivent permettre à l'assuré de se retrouver dans une situation matériellement identique à celle qu'il aurait connue si l'incident n'était pas survenu.

Nos experts peuvent examiner les éléments complexes des demandes d'indemnisation, y compris celles qui impliquent un financement participatif (crowdfunding), et fournir des conseils à ce sujet. Pour plus d'informations, visitez notre site web.